Créah, disciple d'Osamodas [FINI]

La ville de Brakmâr n’est pas la meilleure des villes pour élever un enfant. Du moins c’est ce que tout le monde croit par-delà le Monde des Douzes. Evidemment, vu de  l’extérieur, c’est une ville pleine de brutalité, de sournoiserie et de corruption. Mais ça, ce sont les rapports fait par les touristes. En réalités c’est une ville charmante et pleine de joie. Quand eux y voient des coups, les Brakmâriens y voient des embrassades. Quand ils y voient de la corruption, ce n’est qu’un arrangement à l’amiable. Et c’est dans cette chaleureuse ambiance, dans l’un des modestes quartiers de la ville, que Créah, disciple d’Osamodas, a grandie.

Elle a toujours aidée ses parents dans leur travail. Et encore plus lorsqu’elle a compris qu’elle aurait forcément une rémunération à chaque fin de journée. Ainsi depuis elle a pu se constituer une bourse toujours plus pleine. Mais depuis que leur famille a failli, pour reprendre l’expression du juge, « être raccourci d’une tête au niveau du coup », elle s’éloigne chaque jour un peu plus de son patriarche et de sa nouvelle activité pour ouvrir son propre commerce. En effet à l’origine ceux-ci vendaient de faux kamas. Tout étant payant à Brakmâr, certaines personnes devenaient vite ruinées. Ainsi ils utilisaient leurs derniers kamas en poche pour se refaire une petite fortune à l’aide des faux de la famille Elm’chaan. Mais les kamas circulant, et la nouvelle s’étant bien trop vite répandue par ces pauvres âmes, ils eurent juste de quoi se sauver de la peine capitale.

Ainsi à présent ils font dans l’armurerie de luxe. Le genre d’armes avec lesquels on ne tue pas n’importe qui. Celles que l’on réserve pour des occasions spéciales. Ou celles que l’on utilise pour marquer un assassinat. Et puis ça pourrait intéresser certaines personnes extérieures qui aiment les belles armes, c’étaient-ils dit. Mais ce genre de commerce ne plaisait pas à Créah. Elle n’aimait pas penser que ses parents puissent faire de l’export. Et bien qu’ils aient essayé de lui expliquer que c’était pour remplir à nouveau les coffres, elle restait sur ses idées : elle n’aimait pas ça. Aussi elle commença à acheter des ingrédients, sortir de temps en temps, profiter des jours où sa mère partais vendre les armes pour récupérer des plantes, plumes et autres curiosités. Dans cette immense ville labyrinthique, elle avait trouvé un appartement abandonné. Une aubaine dans une ville comme celle-ci ! Elle s’était alors mise à préparer des potions. Sans recettes elle suivait son instinct et les faisaient goûter aux premiers pious qui passaient. Parfois les résultats étaient positifs… parfois moins. « Un jour, j’aurais mon propre stand de potions ! ».

Et un jour elle a eu son propre stand de potion. Mais en mieux. Elle s’était mise à rénover ce vieil appartement et en avait fait un magasin où elle pouvait vendre ses préparations.
Puis il y a eu cette fois où elle ne reçut pas des clients comme les autres. Ils ne venaient pas pour acheter des potions mais des informations. A propos d’une « Little Arthemys », celle qui serait la cause des derniers problèmes dans le Monde des Douzes et qui serait à Brakmâr. Arthemys ? C’est également une Osamodas. Elle en avait déjà entendue parlés. Mais où ? Et pourquoi ? C’est plus tard en se renseignant elle-même qu’elle se souvint de qui était Little Arthemys. Et elle se mit à rire devant la bêtise de ces gardes, probablement Bontarien, qui avait un instant pensés qu’elle pouvait être la tête derrière ces attaques. Elle qui n’arrivait même pas à contrôler un piou. Mais peut-être avait-elle rit trop tôt. Car tandis qu’elle continuait son petit commerce, elle entendait des rumeurs par ses clients comme par les passants. Des rumeurs à propos d’attaques plus nombreuses. D’un nouveau groupe qui s’est formé, tous se ralliant sous un même nom : « Little Arthemys ». Peut-être finalement que ces gardes avaient dit vrai ? Peut-être finalement que la jeune Osamodas a enfin réussi à maitriser ses créatures ? Mais à présent, il semblerait que ce soit elle qu’elle n’arrive plus à maitriser…