“Affaire du jour! Utilisez cette potion pour profiter des réductions de ces marmots ! Une potion et c’est avec l’apparence d’un gosse de 10 ans que vous circulerez dans les rues et vous ferez chouchouter de ces demoiselles!”. Ça faisait maintenant plusieurs heures qu’elle hurlait de cette manière dans les rues sur son stand ambulant. Mais rares étaient les personnes qui l’écoutaient. Et encore plus rare étaient celles qui daignaient lui prêter attention. Mais parfois la roue de la chance tournait, et quelques une s’arrêtaient. Et si elle avait encore plus de chance, elle arrivait à vendre quelque chose à ces personnes. Même s’il ne s’agit que d’herbes ou de plume de piou. Au moins c’est de l’argent qui rentre. “Pour les enfants, j’ai aussi ce qu’il vous faut! Marre d’être traité en gamin ?! Vous voulez les mêmes privilèges que vos aînés? Prenez cette douce liqueur et vous voilà avec l’apparence d’un jeune adulte ! Sinon prenait celle-ci, légèrement plus âpre, et c’est comme un vieillard que vous vous sentirez ! Tout dépend de ce que vous cherchez. Après tout, ceci ne me regarde pas.”. Un coup d’œil à droite. Puis un autre à gauche. Puis à nouveau à droite. C’est à peine si on l’avait entendue. Et puis avec Edgard juste à côté, un armurier également, tout en muscle. Il ne faisait rien de bien exceptionnel, mais avec ses trois mètres de haut, et à l’entendre meugler aussi fort que le Minotoror. Non, elle n’avait pas beaucoup de chance de se faire entendre. Et puis à vrai dire, il y avait déjà pas mal de gens qui vendaient ce genre de potion ici. Et ils étaient là bien avant son arrivée. Et probablement plus doués par la même occasion. Alors pour se faire un nom dans le métier il faut savoir se distinguer, faire la différence. Mais elle semblait l’avoir oublié en se lançant dans son commerce. Elle semblait même avoir oublié tous ces petits détails qui font que chaque jour devient plus difficile. Plus difficile de crier plus fort d’Edgard. Plus difficile de faire ses potions. Plus difficile de faire les comptes le soir… Et regardant avec tristesse et désarroi sa caisse se vider plus rapidement qu’elle ne se remplissait, elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir faire pour remédier à ça. C’est en voyant sa mère rentrer du marché d’Astrub, un sac d’or à la place des armes qu’elle avait emmené, qu’elle comprit qu’elle avait mal jugée l’export. Et que sa solution était peut – être là. Que ce qui allait la différencier des autres alchimistes c’est que elle, elle irait se faire de la pub en dehors des murs de la cité de feu. Elle allait faire profiter de ses mixtures dans les marchés des autres villes. Et même dans les campagnes s’il le faut! Elle savait au fond d’elle qu’il serait bien plus simple de vendre un poignard incrusté qu’une potion pour rajeunir. Mais qu’importe. « Si la fortune ne viens pas à moi, alors j’irai à la fortune ! ».
Une semaine après le retour de la mère de Créah, elle se leva bien plus tôt que tout le monde. Bien avant que sa mère n’ouvre le magasin et que son père ne retourne forger d’autres armes. Dans le plus grand des silences elle récupéra le hâvre-sac de son père dans lequel elle avait préparé de quoi voyager. Après une dernière vérification, elle sortit de chez elle et pris la poudre d’escampette. Et c’est avec son nouveau stand ambulant qu’elle s’en alla de Brâkmar dans l’objectif de se faire reconnaître dans son travail… Bien que ce ne soit pas tout à fait sûre d’elle qu’elle parcouru les premiers kilomètres.
